L’Officier des pêches

 

      Lors de ses missions d’assistance à la grande pêche, le "Commandant Bourdais" avait à son bord un personnage important, l’Officier des pêches, fonction rarissime sur un bateau de guerre qui revenait à un officier du bord.

 

      Voici les témoignages de 2 anciens "Officier des pêches".

 

Alain Beck Officier des pêches en 1964 et 1965

   L’Officier des pêches était principalement chargé des relations avec les capitaines des chalutiers et de la satisfaction de leurs besoins, avec l’aide du Médecin Major, du dentiste pour la partie assistance médicale, du Maitre commis et de l’agent postal en ce qui concerne le courrier et l’approvisionnement en vivres frais. Avant chaque appareillage de printemps, il prenait contact avec les armateurs et surtout avec les capitaines, pour leur faire connaitre le programme du bâtiment et surtout pour leur expliquer qu’un "bâtiment de guerre" a parfois d’autres obligations et escales de représentation en pays étranger surtout au Canada.  Au cours de la mission, il restait en contact avec les "consignataires" qui sont les shipchandlers chargés de satisfaire les besoins des chalutiers, principalement en vivres frais.

   Chaque année au départ de la première demi-campagne, le "Commandant Bourdais" faisait escale en Espagne et au Portugal avant de transiter vers les bancs de Terre-Neuve. Ces escales avaient pour but de donner les informations  aux responsables locaux de la pêche sur le programme du bâtiment et les possibilités d’intervention au profit de leurs bateaux.

   Le "Bourdais" n'ayant pas le statut de "garde-pêche" dont bénéficiait son homologue "l’Ailette" en Manche et en Mer du Nord, son  rôle de police était réduit au minimum. Et puis, faire le "gendarme" sur les bancs n'attire pas la sympathie des capitaines qui, dans ce cas, pourraient ne pas répondre aux appels radio, ce qui rendrait la mission impossible !  En revanche, en cas de pêche illicite ou d'autres infractions, le  "bâtiment d'assistance" servait effectivement de médiateur avec les autorités locales. Le cas s'est produit plusieurs fois.

 

Jean François Le Roux Officier des pêches en 1971 et 1972.

 

Rôle de l’officier des pêches

   Intermédiaire entre le commandant (Etat Major de la Marine) et les capitaines de chalutiers (armateurs), l’officier des pêches est chargé de l’organisation de l’assistance  aux chalutiers à la grande pêche. Cette assistance concerne principalement le soutien médical et le soutien logistique (vivres, coopérative, courrier, pièces de rechange…). Il n’y a pas eu cette année là de problème juridique vis à vis des autorités locales.

Organisation du bord

    L’officier des pêches est un des officiers chef d’un service désigné par le commandant, la spécialité est indifférente.

    Il est assisté :

-        du médecin d’active (généraliste avec une formation chirurgicale de base), d’un chirurgien    aspirant dentiste  et de deux infirmiers pour la partie médicale. Les locaux sont d’une part l’infirmerie  sur le pont principal  et un cabinet dentaire situé  sous le pont principal au milieu du navire au niveau du poste P3.

-        du commissaire avec tout le service commissariat pour le soutien logistique commis, fourrier …

-        de l’agent postal.

-        du gradé fusilier adjoint du " Bidel" capitaine d’armes pour l’organisation des plages lors des manœuvres de Zodiac. Il fallait parfois écarter les "touristes" du bord qui gênaient les manœuvres par mauvais temps (un certain Max en particulier).

De façon générale tout le bord participe de près à cette mission (P C Radio, boscos, mécaniciens ….)

 

Organisation de la campagne

   Avant le départ avait lieu une mission de l’officier des pêches pour rencontrer les armateurs et "captains". Les navires provenaient principalement de : Dieppe, Fécamp, Le Havre, Saint Malo et Bordeaux. En 1972 il y avait 27 chalutiers soit une population d’environ 1500 marins.

   En 1972 j’avais organisé une réunion à Douarnenez à mon domicile car 4 des "captains"  et certains seconds  étaient douarnenistes.

   Avant le départ l’officier des pêches recevait les codes des chalutiers : codes entre navires d’un armement, codes entre captains amis mais d’un armement différent. Ces codes servaient surtout à indiquer les positions et les résultats des traits de chalut

   L’appareillage de Lorient avait lieu en février ou au  début mars pour une escale à Halifax dont le but était d’organiser avec les autorités canadiennes les modalités de l’assistance et les conditions de libre circulation dans les eaux canadiennes.

   Puis pendant 2 bons mois le "Bourdais" menait sa mission sur les bancs, entrecoupée d’escales de ravitaillement à Saint Jean de Terre Neuve (où l’agent consulaire s’appelait M. French) et Saint Pierre et Miquelon.

   Une escale de détente (Philadelphie en 71, les Bermudes en 72)  faisait quitter les bancs pendant quelque temps. Vers fin avril début mai un bon mois du côté du Groenland puis le Cap Nord avec une escale en Islande.

    Le port base en Norvège était Hammerfest où nous rencontrions les autorités pour l’organisation de la mission.

    Retour à Lorient en juillet puis nouvelle mission sur les mêmes zones jusqu’en décembre.

 

 

Mission type sur les bancs

  Nous recevions les demandes des chalutiers en besoins logistiques, vivres  principalement qui nous étaient apportés par les shipchandlers, l’agent postal recevait les sacs de courrier, et s’il n’y avait pas d’urgence médicale sur un chalutier, l’officier des pêches proposait au Commandant un itinéraire vers les différentes positions des chalutiers. Au PC radio une fréquence spéciale permettait de finaliser ce projet avec les "captains".

  

   Arrivés sur les bancs, le Zodiac filait avec l’officier des pêches et le courrier vers le chalutier, le zodiac revenait avec les pêcheurs qui souhaitaient bénéficier de soins médicaux. La coopérative était ouverte et le Zodiac en finale revenait en général avec le fond plein de morues et de sébastes.

   Si la météo était très mauvaise la liaison en Zodiac n’était pas possible et seuls étaient livrés courrier et coopérative dans la bouée postale.  Cette opération donnait lieu à des séances de manœuvre où le "Bourdais" roulait bord sur bord quand il fallait mettre la bouée sous le vent à la récupération.

 

 

 

 

 

 

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