COUPE ET MONTAGE DU
CHALUT
A.. LES DIFFERENTES
PARTIES DU CHALUT
Il est admis
habituellement qu'un
chalut classique à
panneaux se présente en
pêche suivant la forme
représentée en vue
perspective sur la
figure 1. Cette forme
semble être actuellement
la mieux adaptée pour la
pêche des poissons sur
le fond ou à proximité;
elle est le résultat de
nombreuses
améliorations, parfois
minimes, dans les
proportions, la coupe et
le montage, apportées
aux premiers « chaluts
à panneaux » ou
«otter-trawls»
qui furent utilisés pour
la première fois à la
fin du XIXe siècle.
Ce chalut-type est
formé par l'assemblage
de pièces de filet de
formes différentes. Son
ouverture et ses
coutures principales
sont renforcées par des
filins d’acier, de
manille ou mixtes,
appelés « ralingues ».

1° Pièces constructives
:
Dans un chalut
classique on distingue
toujours une partie
supérieure «
dessus» et une
partie inférieure «dessous»
(fig. 2). La partie
supérieure comporte deux
« ailes
supérieures »,
un « grand dos
», un « petit dos
», « un dessus
d'amorce » et un
« dessus de poche
». Dans la partie
inférieure, on a : «
deux ailes
inférieures »,
un « ventre
», un « dessous
d'amorce » et un
« dessous de poche
». Ces pièces sont
reliées les unes aux
autres par un laçage à
la main en fil de
couleur désigné sous le
nom d'«abouture»
(le terme « abouture»
désigne toujours un
laçage reliant deux
coupes franches).
A l'entrée de la
poche ou « amorce »,
un dispositif formé
d'une ou plusieurs
pièces de filet empêche
le poisson rentré dans
la poche de s’échapper;
c'est le «tambour»,
appelé aussi «voile».
Dans certains cas,
emploi de rallonges très
importantes, ce
dispositif n'est pas
utilisé.
2° Ralingues.
Les pièces de filet
gui vont constituer le
chalut peuvent être
déformées
considérablement par les
efforts qu'elles vont
subir pendant la pêche.
Pour éviter ces
déformations et pour
essayer dans une
certaine mesure de
conserver aux mailles
une forme régulière, on
renforce le filet par
les « ralingues
d'ouverture
» et les «
ralingues longitudinales
».


a) Ralingues
d'ouverture.
L'ouverture du chalut
est renforcée par deux
ralingues importante la
« corde de dos
» et le « bourrelet
» (fig., 3)
La «corde de
dos » est formée
par un filin mixte ou un
filin d'acier fourré
fixé, directement en
général par des «
empattures »
(fig., 4) aux ailes
supérieures et à une
partie du grand dos
appelée « carré de
dos », Sur la
corde de dos sont fixées
des boules en verre ou
en métal et
éventuellement un
plateau élévateur.

Le «bourrelet
» est un filin d'acier
garni habituellement de
vieux filets entourés
par un filin de
qualité inférieure («
morfondu ») et lesté
par des morceaux de
chaînes. Le bourrelet
est souvent divisé en
plusieurs sections, par
exemple: deux pour les «
ailes inférieures
» et une pour le «
carré de
ventre ».
L'ensemble est fixé de
place en place à la
filière, filin plus
léger qui borde en
dessous les ailes et le
carré (fig., 5). La
section du bourrelet
placée devant le carré
de ventre est remplacée,
pour le chalutage sur
fond dur, par un jeu de
« diabolos
» ou de « sphères
métalliques ».
Signalons également,
comme ralingues à
l'ouverture, les «
ralingues de têtière
». Chaque «têtière»,
ou extrémité libre
d'aile supérieure ou
inférieure, est fixée
sur une courte ralingue
en cordage simple ou
mixte qui limite la
hauteur d'ouverture ou «hauteur
de meulette» des
extrémités des ailes du
chalut.
b) Ralingues
longitudinales.
Le dessus du chalut est
relié au dessous par une
couture longitudinale,
de chaque côté, depuis
la têtière jusqu'à
l'extrémité postérieure
de la poche. Cette
couture est réalisée en
ligaturant ensemble, en
général à l'aide d'un
fil de couleur, les deux
bords libres sur une
largeur de 4 à 5 mailles
(l’utilisation de fils
de couleur aux aboutures
et aux coutures est très
utile dans le cas de
réparations à effectuer
de nuit à la lumière
artificielle).
Les «
ralingues de côté
» sont les cordages de
renfort en manille ou
nylon, parfois en mixte
dans la partie
antérieure du chalut,
reliés de place en place
aux coutures latérales.
On désigne quelquefois
par le terme « ailière»
la portion de ralingue
de coté bordant les
ailes et le grand dos.
Les « barrettes ».
Les chaluts devant
travailler
dans des conditions très
dures comportent un
renforcement
longitudinal
supplémentaire sous la
forme de barrettes,
cordages fixés au dos et
au ventre suivant une
direction parallèle à
l'axe du
chalut ou aux côtés des
mailles, de la corde de
dos et du bourrelet aux
ralingues de côté.
Au cours du montage ou «armement»
des pièces de filet sur
les ralingues, on
distingue dans le chalut
les trois sections
principales suivantes
(fig. 6).
La « grande
monture » ou « monture
de haut » formée
par les ailes
supérieures, le grand
dos et les ailes
inférieures.
La « petite
monture »
ou
« monture de bas »
formée par le ventre et
le petit dos. L'amorce
formée en
général par le bas du
ventre et le bas du
petit dos, est incluse
dans la petite monture.

La « poche »
est constituée par
deux pièces identiques.
On distingue souvent
deux parties dans la
poche: d'une part la
partie terminale du
chalut, poche proprement
dite ou « cul
», renforcée par un
laçage double ou un
redoublage des alèzes et
d'autre part, entre
l'amorce et le cul, la «
rallonge»,
sorte de boyau où
s'accumule le poisson
quand il est très
abondant. La rallonge
est faite de deux pièces
semblables en alèze
simple,
Ces trois sections
se distinguent entre
elles par un montage du
filet sur les ralingues
effectué avec plus ou
moins de mou. Ces
particularités du
montage seront étudiées
en détail plus loin.
B.. NOTIONS SUR LE
FILET, LA COUPE ET LE
MONTAGE
1°Textiles utilisés.
Nappe.
Les principaux
textiles utilisés dans
la fabrication des
chaluts sont: le « chanvre »,
le « manille »,
le « sisal »
et le « nylon ».
Nous ne reviendrons pas
sur les propriétés
de ces différents
textiles,
ni sur les
caractéristiques des
fils rentrant dans la
confection des nappes de
filet, car de nombreuses
études antérieures ont
déjà traité ces questions,
parmi lesquelles celles
de MM.
OIEUZEIDE
et
NOVELLA
(1953),
OELAERE
(1954) et
PERCIER
(1958). Rappelons
toutefois que la
résistance et la nature
des filets sont adaptées
au type de chalut
envisagé; c'est ainsi
que les chaluts de pêche
industrielle sont en
général en maniIle, en
sisal ou en nylon, et
les chaluts de pêche
artisanale en chanvre ou
en nylon. Signalons
également que quelques
chaluts comportent des
pièces en textiles
différents, par exemple:
nylon pour le dessus, la
rallonge et le cul,
manille ou chanvre pour
le dessous, Comme nous
le verrons, ces chaluts
faits de deux textiles
posent, lors de leur
montage, des problèmes
particuliers et délicats
à résoudre par suite des
comportements différents
de ces textiles à l'eau
et à la traction, Quel
que soit le textile
utilisé, le matériau de
base employé dans la
confection des pièces du
chalut est la « nappe
du filet ».
La « nappe de
filet » ou « alèze »
est fabriquée
mécaniquement en
général. Elle est
caractérisée par le « sens
du filet »
qui est,
rappelons-le « la
direction de la force,
parallèle à la diagonale
de la maille, qui
tend à resserrer les
nœuds en leur assurant
une position correcte»
(fig. 7). Dans un chalut
le sens du filet est
toujours parallèle à
l'axe longitudinal de
l'engin. On distingue en
outre dans le filet le
« sens du laçage »
qui est la
direction parallèle aux
rangs tels qu'on les
fait au laçage manuel;
le sens du laçage est
perpendiculaire au sens
du filet et donc à l'axe
du chalut (fig. 7).
2°
Quelques définitions.
Pour une meilleure
compréhension des
principes de coupe, il
nous semble utile de
préciser quelques
notions de base.
La « maille »
(fig. 7) est la
portion du filet limitée
par quatre côtés. La
maille a normalement une
forme en losange plus ou
moins allongé que l'on
peut définir par sa
grande diagonale et sa
petite diagonale. Les
valeurs relatives de ces
deux diagonales nous
serviront à évaluer la
plus ou moins grande
ouverture de la maille,
notion importante qui
sera étudiée dans le
chapitre C. La dimension
des mailles sera
toujours exprimée par la
longueur du côté de la
maille (mesure
française).
Nous appellerons
exclusivement « mailles
franches »
les mailles situées
le long des bords
parallèles au sens du
laçage (fig. n.
Le terme « maille
de côté »
désignera seulement les
mailles qui se trouvent
sur les bords parallèles
au sens du filet:
l'angle libre latéral de
ces mailles présente
toujours un nœud qui, à
l'inverse de ce qui se
passe pour les mailles
franches, ne peut être
défait sans détruire la
maille (Fig. 7).
La maille située à
l'angle de la nappe est
à la fois maille franche
et maille de côté.
Une coupe parallèle aux
côtés des mailles
détermine des « pattes »
à tous les nœuds
reliant trois côtés de
mailles (« nœuds à
trois pattes »)
(Fig. 8). On
appelle coupe «toutes
pattes» une
coupe rectiligne et
parallèle aux côtés des
mailles.
A part les coupes
dites « franches»
qui sont faites suivant
des directions
parallèles au sens du
filet ou au sens du
laçage, toutes les
coupes sont faites
obliquement et font
varier la largeur
initiale de la pièce. Si
cette largeur augmente,
la coupe est dite « en
remontant» ; si au
contraire la largeur
diminue, on a affaire à
une coupe « en
descendant ».

3°
La coupe.
Toutes les pièces
d'un chalut sont coupées
en général en forme de
trapèze, sauf les pièces
rectangulaires de la
rallonge et du cul. Les
côtés transversaux ou
largeurs de toutes les
pièces sont parallèles,
et les côtés latéraux ou
bordures sont parallèles
dans la poche et coupés
obliquement dans les
ailes et le corps du
chalut. Il est évident
que de l'importance et
de la répartition de ces
diverses coupes dépendra
la forme du chalut et
donc ses qualités
pêchantes.
Les coupes obliques
forment avec l'axe du
chalut un angle de coupe
qui peut être évalué par
le rapport existant
entre la diminution de
largeur D et la hauteur
de la pièce H (fig. 9).
Il en résulte que
le rapport D/H sera
d'autant plus élevé que
l'angle de coupe sera
plus marqué. L'angle de
coupe est très variable.
Dans une pièce de Filet,
mises à part les coupes
dites franches qui sont
limitées uniquement par
des mailles franches ou
des mailles de côté, les
angles de coupe se
ramènent à trois types
principaux (fig. 10), à
savoir:
1) D -H (en nombre de
mailles), dans ce cas
particulier où la
diminution est égale à
la hauteur, la coupe est
parallèle aux côtés des
mailles; c'est une coupe
toutes pattes (1) (fig.
11. exemple a) :
2) D <H, la
diminution est
inférieure à la hauteur
pour les coupes
intermédiaires entre la
coupe toutes pattes et
la coupe franche, toute
en mailles de côté. Ces
coupes sont réalisées
par la combinaison de
pattes et de mailles de
côté {fig. 11, exemple
b) ;
3) D>H, la diminution
porte sur un nombre de
mailles supérieur à la
hauteur de la pièce. Se
classent dans ce type
toutes les coupes
intermédiaires entre la
coupe franche toute en
mailles franches et la
coupe toutes pattes.
Elles sont formées par
la combinaison de
mailles de côté et de
mailles franches (1)
(fig.11, exemple c).

Nous voyons donc que
toutes les coupes
peuvent être réalisées
par la combinaison de
pattes, mailles de côté
et mailles franches (2).
Quelles sont les valeurs
de coupe respectives de
ces trois éléments?
Chaque patte diminue la
largeur d'une
demi-maille pour une
demi-maille de hauteur.
Sur la figure 10, par
exemple, la coupe toutes
pattes donnerait une
diminution de 8
mailles pour une hauteur
de 8 mailles, ceci pour
un total de 16 pattes
coupées. La valeur de
coupe d'une patte
s'exprimera donc par le
rapport D/H = 0.5/0.5.
(1) Dans certains
chaluts les coupes du
type D>H utilisent
seulement les pattes ct
les mailles franches:
elles sont alors plus
simples à effectuer.
(2) Dans cette étude
nous ne ferons pas
intervenir la notion de
rang peu utilisée à
Boulogne et qui
entraînerait une
complication inutile.
La coupe d'une maille
de côté ne modifie pas
la largeur. Elle
correspond à la hauteur
d'une maille. Sa valeur
en D/H sera 0/1.

Une maille franche
laisse la hauteur
inchangée. Dans L1ne
coupe elle correspond à
la largeur ou à la
diminution d'une maille.
Son rapport D/H sera
1/0.
Etablissons
maintenant le tableau
récapitulatif des
valeurs des trois
éléments de coupe
exprimées en D/H.
Elément de
coupe
Diminutions
Hauteur
Valeur en D/H
en mailles (D)
en mailles (H)
Pattes…………………………0,5
0,5
0,5 / 0,5
Maille de
coté…………………0
1
0 / 1
Maille
franche…………………1
0
1 / 0
Les coupes obliques
étant, en général,
formées de deux éléments
de coupe, il suffira,
pour obtenir le rapport
D/H, d'ajouter d'une
part les diminutions et,
d'autre part, les
hauteurs de chaque
élément de la coupe.
C'est ce que nous
verrons plus loin dans
les exemples
d'application.

4°Application des
valeurs des éléments rie
coupe a la résolution
des problèmes de coupe.
Deux cas peuvent se
présenter lors de la
réalisation d'une coupe.
1° cas:
le type de coulpe
étant connu,
on doit rechercher la
diminution totale de
largeur d'une pièce de
filet de hauteur donnée.
Exemple
1.
Coupe deux pattes-une
maille de côté (ou coupe
« 2 pattes et maille»)
sur un petit dos de 110
mailles de hauteur et
170 mailles de plus
grande largeur (fig.
12).
Nous avons d’une part
deux pattes (0,5
X 2)
= 1 et
d’autre part une maille
de coté
0
(0,5 X
2)
1
1
la valeur de la coupe
sera donc (1
+ 0 )
= 1
soit une diminution
égale à la moitié de la
hauteur
(1 + 1 ) = 2
Dans le cas présent,
pour une hauteur de 110
mailles, nous aurons sur
le côté de la pièce une
diminution de 55
mailles.
2° cas: la diminution
totale et la
hauteur sont connues, il
faut retrouver le type
de coupe utilisé.
Exemple
2.
Trouver la coupe du côté
intérieur ou bordure de
corde de dos d'une aile
supérieure dont les
caractéristiques sont
les suivantes (fig. 13)
Hauteur = 80 mailles
Abouture =
125 mailles
Têtière = 33
mailles Coupe
à 1'ailière = 3 pattes-1
maille de côté.
La coupe 3 pattes-1
maille de côté,
s'exprime en D/H par le
rapport 1.5/2.5, soit en
nombre entier 3/5.
Pour trouver la valeur
de la diminution 0 sur
le côté intérieur de
l'aile, on inscrit
l'aile dans un
rectangle, 0 est égal à
la largeur totale de 173
mailles (173 = 125 + 48;
48 étant les 3/5 de 80)
diminuée de la largeur
de la têtière (33
mailles), soit 140
mailles.
La valeur de l'angle de
coupe est alors de
140/80, soit en
simplifiant 7/4, ou si
l'on Se reporte au
tableau récapitulatif
donné plus haut, 7
mailles franches pour 4
mailles de côté (puisque
nous sommes dans le cas
0> H), coupe réalisée
dans la pratique par 3
coupes à 2 mailles
franches-I maille de
côté 2/1 et une coupe à
une maille franche-l
maille de côté 1/1 (1),
en effet nous avons
ainsi:
(2 X 3) + 1 = 7
(2)
(1 X 3) + 1 = 4
Exemple
3.
Trouver le type de coupe
à utiliser pour un grand
dos dont les
caractéristiques
exprimées en mailles
sont (fig. 14) : largeur
en haut = 320, largeur
en bas = 200, hauteur =
80.
On voit que la coupe
latérale a une valeur de
60/80, soit D/H = 3/4, 0
étant inférieur à H la
coupe sera exprimée en
pattes et mailles de
côté, soit ici 6
pattes-1 maille de côté
(3) car (0,5
X 6) + 0 = 3
(0,5
X 6) +1 = 4
(1) La coupe 2 mailles
franches-I maille de
côté s'appelle aussi «2
mailles par maille» ou
«pattes à deux ». Dans
les coupes des bordures
intérieures d'aile,
certains fabricants
groupent les coupes 2/1
près de la maille-mère:
sous réserve d'un
montage «maille ouverte
», on obtient ainsi un
certain arrondi de la
corde de dos qui
améliore la répartition
des efforts.
(2) On peut employer
également les deux
formules : D -H = d et H
-d = s, où on a D =
diminution. H = hauteur,
d = nombre total de
coupes à 2/1 et s =
nombre total de coupes à
1/1 sur la bordure.
(3) Il existe aussi une
formule simple donnant
Je nombre de pattes
entrant dans la coupe
2D/(H-D) qui nous donne
120/20 = 6. La coupe est
du type 6 pattes et
maille
.
Exemple
4.
Déterminer la coupe
d'une aile inférieure
dont les données sont
les suivantes (fig. 15)
Hauteur 120 mailles
Abouture
= 40 mailles
Têtière 25 mailles
Coupe
côté bourrelet = une
maille par maille (1/1)
Le résultat de la coupe
à l'ailière est une
diminution de 105
mailles pour une hauteur
de 120 mailles.
La valeur de la
coupe est égale à
105/120 ou, après
simplification. 7/8.
C'est encore un cas (0,5
X 14) + a7 D < H et la
coupe sera à 14 pattes-1
maille de côté, car
(0.5 X 14)
+ 0 = 7.
(0.5 X 14) + 1 =
8
5°
Autres détails de
coupe et de montage.
a)
Finition des
pièces sur les côtés.
Pour assurer une
meilleure tenue aux
mailles situées le long
des bordures, les
mailles sont parfois
redoublées par un fil de
même textile, mais en
général plus fin que
celui qui a servi à
lacer l'alèze. Sur les
pièces lacées à la main
on réalise souvent les
coupes en pattes et
maille avec des «
boutinettes
», sortes de mailles
auxiliaires renforçant
la bordure.
b)
Aboutures de
pièces de maillages
différents. Recrues.
Les dimensions des
mailles diminuent de la
grande monture vers la
poche. On est donc amené
à joindre des pièces de
filet qui, pour une même
largeur, comportent des
nombres de mailles
différents.
Par exemple, dans
l'abouture d'un grand
dos de 200 mailles de 50
mm et d'un petit dos de
250 mailles de 40 mm
(les deux pièces ayant
une même largeur de 20
m, mailles étirées) il Y
a 50 mailles en trop sur
le petit dos. Ce nombre
de mailles en excès sera
réparti le long de
l'abouture par le
procédé des « recrues ».
Pouvant être
réalisées de diverses
façons (PER\.IER. 1958),
les recrues aboutissent
toujours au même
résultat d'abouter deux
mailles du plus petit
maillage ensemble à une
seule maille du plus
grand. Dans l'exemple
proposé, les recrues
seront faites en
aboutant ensemble 2
mailles de 40 toutes les
4 mailles de 50 (« 4e
et 5e
ensemble»).
Le rapport de
répartition des recrues
dans le cas que nous
venons de voir (4
mailles de 50 mm /5
mailles de 40 mm) est
inverse et sous-multiple
exact de celui des
maillages. Il en
sera de même dans tous
les cas où les largeurs
étirées des pièces
seront égales et les
maillages dans un
rapport simple.
Dans la pratique on se
trouve souvent en face
de cas moins simples; on
obtient alors une
répartition
satisfaisante des
recrues en procédant
comme suit.
Diviser chacun des
nombres de mailles à
abouter par leur
différence et adopter
les quotients pour
établir le rapport de
répartition. Si la
division donne un reste,
ce reste correspond à un
nombre de mailles à
abouter sans recrues.
Exemple.
Soit à abouter 214
mailles de 35 mm à 276
mailles de 28 mm
la différence est de:
276 -214 = 62 ;
on a: 214/62 = 3,
reste 28, et 276/62 = 4,
reste 28
le rapport de l'abouture
est donc de 3 mailles de
35 mm/4 mailles de 28
mm.
Réalisation
pratique de l'abouture :
au début et à la fin, 14
mailles sans recrues;
pour le reste, une
recrue toutes les 3
mailles de 35 mm (ou 3e
et 4" mailles de
28 mm ensemble).
c)
Maille-mère.
On appelle
«maille-mère» la
première grande maille
située immédiatement
après l'abouture de
l'aile avec le grand dos
ou le ventre (fig. 4 et
5). Pour les rendre plus
visibles, elles sont
parfois recouvertes
d'une surliure faite au
moyen du fil de couleur
utilisé pour l'abouture.
d)
Renforts en
mailles doubles.
Sur le plan de la
figure 16 nous avons
représenté les
principaux renforts d'un
chalut de pêche
industrielle. Ces
renforts consistent en
un laçage double des
mailles dans les parties
du chalut que l'on sait
être soumise à des
efforts plus importants.
Nous trouvons ainsi des
mailles lacées doubles,
sur une hauteur de 2
mailles pour le nylon ou
de 3 à 5 mailles pour le
sisal ou le manille, aux
têtières des ailes, le
long du carré de dos et
d'une partie des
aboutures grand
dos/ailes supérieures,
ainsi que le long du
carré de ventre et des
aboutures ventre/ailes
inférieures. De plus,
des renforts de laçage
double en forme de
triangles de 15 mailles
environ de base, sont
prévus aux angles
intérieurs des ailes.
Dans les renforts nous
pouvons citer également
le laçage double ou le
redoublage -deux alèzes
l'une sur l'autre -des
culs de chalut.
e) Barrettes.
Suivant leur mode de
montage on peut
distinguer trois types
de barrettes de renfort
(fig. 16) : « barrettes
longitudinales »,
de la corde de dos ou du
bourrelet aux ralingues
de côté en suivant le
sens du filet; « barrettes
obliques », des
extrémités du carré de
ventre aux ralingues de
côté parallèlement aux
côtés des mailles
(toutes pattes) ; « barrette
transversale »,
montée vers le tiers
antérieur du ventre, en
général à l'abouture de
deux maillages
différents; son rôle est
d'éviter la prolongation
excessive vers l'arrière
d'une déchirure
éventuelle du ventre
partant du bourrelet.
La longueur des
barrettes, comme celle
des ralingues, doit être
calculée en fonction de
l'ouverture recherchée
pour les mailles.
f )
Voile ou tambour.
Quand un
dispositif de retenue du
poisson dans la poche
est utilisé, des
solutions variées
peuvent être adoptées, A
titre d'exemple nous
donnons deux
dispositions différentes
de voile ou tambour
(fig., 17). Le type a
consiste simplement en
une pièce d'alèze en
forme de trapèze dont le
bord antérieur est
abouté au dessus
d'amorce, le bord
postérieur est libre et
les côtés sont cousus
toutes pattes au dessous
d'amorce. Le type b
est formé par deux
pièces semblables
cousues ensemble sur les
côtés et aboutées dessus
et dessous à la partie
antérieure de l'amorce,
Cette sorte d'entonnoir
est maintenue dans le
bon sens par deux bouts
de filin amarrés en
arrière sur les
ralingues de côté.
Lorsque ces deux bouts
de retenue sont coupés,
le tambour peut
s'inverser et rendre
possible le retour du
poisson dans le corps du
chalut quand on fait les
palanquées.

C.. ETUDE DES PRINCIPAUX
FACTEURS INFLUENÇANT LA
FORME DU CHALUT
La forme d'un chalut en
pêche est le résultat de
l'influence de facteurs
nombreux et variés.
Parmi ces facteurs les
plus importants sont,
selon nous, ceux qui
tiennent directement au
mode de fabrication du
chalut, c’est-à-dire à
sa coupe et à son
montage
(1).
Les autres facteurs en
rapport avec le gréement
et la méthode de pêche,
comme la façon de lester
ou de bouler, l'emploi
d'un ou plusieurs
plateaux élévateurs, la
longueur des entremises
ou des bras, le poids et
la surface des panneaux
ainsi que leur angle de
traction, la longueur
des funes, la vitesse de
pêche, etc., sont aussi
très importants.
Toutefois, considérant
que ces derniers
facteurs sortent du
cadre de ce chapitre,
nous les étudierons dans
la deuxième partie
traitant de l'adaptation
du chalut aux
différentes pêches.
Seule, l'influence de la
coupe et du montage sur
la forme du chalut sera
examinée ici. Comme nous
l'avons déjà souligné au
début, cette étude sera
faite uniquement sur le
chalut de fond; mais il
est évident que les
principes adoptés et les
résultats obtenus
resteront valables dans
la plupart des cas pour
les autres types de
chalut.
(1)
La nature du
textile utilisé dans la
fabrication du filet
doit avoir également une
influence assez marquée
sur la forme du chalut.
Par suite des conditions
différentes d'écoulement
des filets d'eau à
travers un filet en
textile synthétique
(nylon ou autre) plus
léger et plus fin, les
chaluts constitués avec
ce Alet doivent avoir
une forme sensiblement
différente de celle des
chaluts en textiles plus
lourds ou plus
grossiers.
1°
Coupe des pièces
constitutives.
De la forme des pièces
de filet constituant le
dessus et le dessous
dépendent l'ouverture
horizontale et verticale
du chalut. C est ainsi
que pour obtenir la plus
grande ouverture
verticale possible on
est amené à élargir le
grand dos et les ailes
supérieures (fig. 18);
cette modification est
particulièrement utile
dans les chaluts
employés pour la pêche
des espèces à
comportement pélagique
telles que le hareng et
le maquereau, comme nous
le verrons dans le
chapitre réservé à
l'adaptation du chalut à
la pêche des différentes
espèces.
Par ailleurs, le
rétrécissement vers
l'arrière ou la forme de
chalut en entonnoir plus
ou moins ouvert, sera
variable selon le type
de pêche. Le
rétrécissement vers
l'arrière sera plus
marqué dans les chaluts
utilisés pour la pêche
des poissons plats,
poissons qui se
défendent mal devant
l'entrée du chalut. Au
contraire, les chaluts
au hareng ou au
maquereau seront
relativement plus longs,
pour
permettre une meilleure
entrée d'eau à
l'ouverture et éviter
ainsi un refoulement
d'eau excessif qui
pourrait effrayer ces
poissons bons nageurs,
Toujours en vue de
leur adaptation à des
pêches spéciales, les
divers types de chalut
peuvent encore différer
sur d'autres points
comme la longueur des
ailes, le rapport des
longueurs de la corde de
dos et du bourrelet,
l'importance relative de
la rallonge, sans
oublier les natures et
grosseurs des fils des
alèzes, ainsi que les
différents maillages
utilisés et leur
diminution plus ou moins
progressive vers la
poche. Tous ces points
entraîneront des
modifications dans les
proportions relatives et
la coupe des pièces
constitutives. Ils
seront décrits plus en
détail dans l'étude de
l'adaptation du chalut
aux différentes pêches.
2° Le montage du chalut
et le calcul des
longueurs des ralingues.
Des observations
sous-marines
relativement récentes
(MARGETTS. 1950)
ont prouvé que les
mailles des chaluts en
pêche étaient largement
ouvertes en losange par
le passage des filets
d'eau. A partir de cette
donnée importante nous
avons été conduits à
adopter le principe
suivant qui a servi de
base dans notre étude de
la détermination des
longueurs de ralingues.
Pour obtenir une
meilleure répartition
des efforts dus il la
résistance de l’eau, la
longueur des ralingues
d'un chalut doit être
calculée en fonction
d'une ouverture donnée
des mailles.
Il en résulte que la
longueur des ralingues
longitudinales d'un
chalut sera surtout
fonction de la dimension
de la grande diagonale
des losanges formés par
les mailles, et que
celle des ralingues
d'ouverture ou
transversales sera
principalement en
rapport avec la petite
diagonale des mailles.
Dans la pratique de
nombreux fabricants
opèrent de la manière
suivante: la longueur
des ralingues de côté
est calculée en
diminuant la longueur,
mailles étirées, des
pièces de filet d'un
certain pourcentage,
d'ailleurs variable
selon la partie du
chalut considérée et le
type de chalut en
cause(l). Par exemple
on monte couramment les
ralingues de côté d'un
chalut au 'hareng à 10
ou 15 %
(c'est-à-dire d'une
longueur égale à 90 ou
85 % de la
longueur des alèzes
mailles étirées) dans la
grande monture, 5 ou 10
% dans la petite monture
et 0 à 5 % dans la
poche.
Soulignons tout de
suite l'imprécision de
cette méthode. En effet,
la longueur de la
ralingue de côté étant
calculée sans tenir
compte outre mesure des
angles de coupe des
bordures. il peut en
résulter des variations
sensibles d'ouverture
d'un chalut à l'autre.
Pour les ralingues
d'ouverture, corde de
dos et bourrelet, les
solutions adoptées sont
encore moins nettes, Les
longueurs de la corde de
dos ou du bourrelet sur
les bordures des ailes
sont données égales aux
hauteurs des ailes
mailles étirées, ou bien
e]]es sont évaluées
d'après la longueur de
l'ailière affectée d'un
certain pourcentage,
Dans les carrés, la
corde de dos et le
bourrelet sont en
général égaux au produit
du nombre de mailles par
la dimension du côté des
mailles.
Devant l'imprécision
des méthodes utilisées
jusqu'à présent par les
fabricants, nous avons
pensé qu'il serait utile
de définir une méthode
rationnelle de calcul du
ralingage en tenant
compte de la plus ou
moins grande ouverture
des mai]]es. Nous
aurions alors la
possibilité de définir
une « longueur de
base de la ralingue »
d'où nous pourrions
déduire une valeur
précise et sûre de la
longueur de la ralingue
étudiée, après
l'application de
corrections relatives
aux différentes
rétractions des textiles
à l'eau et aux
allongements des
ralingues ou des alèzes
par les efforts de
traction ou de
remplissage.
a) Détermination de
la longueur de base des
ralingues.
Les éléments qui peuvent
influer sur la longueur
d'une ralingue sont: les
dimensions de la pièce
de filet à monter,
l'ouverture plus ou
moins grande des mailles
et l'angle de coupe de
la bordure que va
renforcer la ralingue.
Si la prise en
considération des
dimensions de la pièce à
monter s'impose à
première vue, il n'en
est pas de même des deux
autres éléments:
ouverture des mailles et
valeur de l'angle de
coupe.
L'influence d'une
augmentation d'ouverture
du losange de la maille
apparaît clairement sur
la figure 19 où, sur une
coupe deux mailles par
maille (2/1) du type
employé à la bordure
intérieure des ailes
supérieures, la longueur
de la ralingue -en
l'occurrence la corde de
dos -varie de 114 mm
avec une maille ouverte
à 5 % à 136 mm
avec une maille ouverte
à 15 %; soit une
différence de 19 %; en
plus pour une même
hauteur d'une maille de
50 mm dans les deux cas.
Pour une ralingue de
côté, la variation de
longueur, consécutive à
une augmentation
d'ouverture des mailles,
est en sens inverse.
Ainsi, pour une même
hauteur d'une maille et
demie, la longueur de la
bordure d'une pièce
coupée à une patte et
maille sera de 144 mm
pour une maille ouverte
à 5 % et de 130 mm pour
une ouverture à 15 %
(en maillage de 50
mm), soit une différence
de 11 % en moins (fig.
20). Notons enfin que la
longueur du bourrelet
sera très souvent
indépendante de
l'ouverture des mailles,
car il borde en général
une coupe voisine du
type « toutes pattes»
dont la longueur de
bordure est
approximativement
constante.
1) Quelques chaluts de
pêcheurs artisans sont
encore montes « raide à
raide» sur les ralingues
de côté, soit avec une
longueur de ralingue
égale à celle de J'alèze
maillés étirées.

La valeur de l'angle de
coupe n'est pas
négligeable non plus.
Par exemple. la longueur
de bordure d'une pièce
d'une hauteur de 5
mailles de 50 mm est de
436 mm pour une coupe à
2 pattes et maille (1/2)
et de 454 mm pour une
coupe à 4 pattes et
maille (2/3), les
mailles étant
considérées ouvertes à
15 % dans les deux cas
(fig. 21).
Pratiquement, la
détermination des
longueurs de base des
ralingues se fera à
l'aide d'un graphique
sur papier millimétré
(fig. 22) représentant
les pièces à une échelle
convenable (1/100 en
général). De cette
manière on tiendra
compte à la fois de la
hauteur de la pièce, de
l'angle de coupe et du
degré d'ouverture des
mailles. Les mailles
seront supposées
ouvertes à un
pourcentage donné
suivant la pièce
considérée et le type de
chalut étudié (l). Pour
faciliter l'exécution
des graphiques, nous
avons réalisé un tableau
donnant les valeurs des
grandes et petites
diagonales à des
pourcentages d'ouverture
de 0, 2, 5. 10, 15 et 29
% (29 % correspond à une
maille ouverte au carré)
pour toutes les
dimensions de mailles
comprises entre 20 et 85
mm (tableau A).
(1) Les chaluts de pêche
industrielle, a grande
ouverture verticale,
seront avantageusement
montés avec des mailles
ouvertes à 15(% Les
chaluts artisanaux
pourront s'accommoder
d'une ouverture à 10 %'
Pour la poche il faudra
prévoir une ouverture
moindre (0 à 5 0·) car
le filet de cette partie
du chalut. soumis ; 1
des efforts importants,
s'allonge notablement
par serrage des nœuds.
Signalons par ailleurs
que le montage à 0 'le
ou raide à raide du cul
de chalut s'impose
principalement pour la
raison suivante:
lorsqu'on vire une
palanquée, le cul ne
peut prendre une forme
en poire ou en sphère
régulière que si les
ralingues ont été
montres avec beaucoup de
mou, laissant ainsi les
mailles s'étirer
normalement à
l'étrangloir' et au
raban.

b) Corrections à
apporter aux longueurs
de base des ralingues.
Les longueurs de base
fournies par la méthode
graphique exposée
ci-dessus ne peuvent pas
être adoptées
directement en vue du
montage. Elles doivent
être corrigées en
faisant intervenir deux
facteurs très importants
: d'une part la
rétraction des textiles
à l'eau et d'autre part,
l'allongement des
ralingues ou du filet
par les efforts de
traction ou de
remplissage.
Correction
de rétraction à
l'eau.
D'après les observations
antérieures
(ANCELLlN, 1956)
on peut estimer que les
dimensions d'un filet en
chanvre ou en manille,
lorsqu'il est mouillé,
diminuent de 5 à 15 % en
moyenne par rapport à
ses dimensions à sec.
Dans ses premières
fabrications, le nylon
câblé s'allongeait de 3
à 5 % après quelque
temps d'utilisation dans
l'eau. On notait au
contraire, sur des fils
de nylon tressé, un
retrait à l'eau de
1à 2 % dans le cas d'un
tressage serré. Grâce à
un traitement spécial,
ces modifications de
longueur sont maintenant
beaucoup moins
importantes.
Les ralingues en
textiles naturels ou
synthétiques présentent
également, après
mouillage, un retrait ou
un allongement du même
ordre que ceux des
filets (l). Enfin, on
peut considérer que les
longueurs des câbles en
cordage mixte ou en fil
d'acier ne varient
pratiquement pas après
immersion.

(1) Le retrait à l'eau
des filets ou des
cordages en textiles
naturels est un problème
complexe où
interviennent des
éléments très divers
comme la qualité du
textile, le diamètre du
filou du cordage et son
mode de câblage, la
dimension des mailles,
le serrage plus ou moins
marqué des nœuds, etc.
Seuls, des essais de
mouillage préliminaires
sur échantillons
permettraient de prévoir
le comportement à l’eau
des filets et ralingues
à utiliser.
D'après ces données il y
aura lieu, dans certains
cas, de corriger les
longueurs théoriques des
ralingues, en fonction
des natures respectives
de l'alèze et de la
ralingue. C'est ainsi
que la longueur de base
d'une ralingue en acier
ou en mixte devra être
diminuée de 5 à 15 %
environ lorsqu'elle
renforcera de l'alèze en
chanvre ou en manille;
elle ne sera pas
modifiée pour une
utilisation avec du
filet en nylon traité.
Au contraire la longueur
de base d'une ralingue
en manille devra être
augmentée de10 à 20 %
dans le cas d'un
montage sur de l'alèze
en nylon. Par ailleurs,
dans tous les cas où le
montage aura lieu sur
filet et ralingue de
même textile (exemple:
ralingue nylon sur filet
nylon) la longueur de
base pourra être adoptée
sans correction.
Correction de traction.
Elle s'applique surtout
aux ralingues qui
absorbent la traction
aux têtières des ailes:
corde de dos, ralingue
de côté et bourrelet.
Ces ralingues, même
quand elles sont en
câble d'acier ou en
cordage mixte,
s'allongent par
élasticité sous la
traction importante du
chalutier évaluée à
plusieurs tonnes dans
les chaluts de pêche
industrielle (voir en
particulier
SCHARFE, 1955
et
PERCIER, 1956).
Cet allongement
élastique, souvent
négligé, pourra être
avantageusement compensé
par une faible réduction
portant uniquement sur
les longueurs des
ralingues de côté et du
bourrelet qui
absorberont alors la
majeure partie de
l'effort de traction. Il
en résultera que la
corde de dos, étant
moins bridée par la
traction, aura la
possibilité d'atteindre
son ampleur maximum (1).
L'influence des
longueurs relatives des
trois ralingues de
têtière apparaît
nettement sur la figure
23, où sont représentées
deux vues de profil du
même chalut: sur le
schéma inférieur le
bourrelet et l'ailière
ont été réduits
seulement de 2 % en
longueur, la corde de
dos et la hauteur du
grand dos demeurant
inchangées; il en
résulte une très nette
augmentation d'élévation
de la corde de dos.
Signalons que ce
résultat a été confirmé
par des observations
effectuées par des
techniciens japonais (HAMURO
et
ISHll. 1956)
dans les conditions
normales de pêche.
Cette notion de
longueurs relatives de
l'ailière, du bourrelet
et de la corde de dos,
dont l'importance vient
d'être mise en évidence
vient à l'appui des
données fournies par
l'évaluation des
longueurs de base des
ralingues en fonction de
l'ouverture des mailles.
En effet, nous avons pu
vérifier, par la méthode
graphique. que des
mailles en losange très
ouvert, allant de pair
avec une grande
ouverture verticale du
chalut, entraînent un
allongement de la corde
de dos, un
raccourcissement de la
ralingue de côté et pas
de modification notable
du bourrelet
(1)
Il en résulte que
des essais progressifs
pourraient être tentés
avec profit sur les
chaluts, dans les
conditions normales
d'exploitation, suivant
les principes exposés
ci-dessus.
(1)
La ralingue de
côté n'est pas
absolument indispensable
pour l'ouverture du
chalut en effet,
certains types de chalut
sont montés sans
ralingues de côté. Dans
ces cas, la traction
doit être reportée
principalement sur le
bourrelet.

Signalons enfin
l'existence des
allongements résiduels
que l'on peut observer
sur les ralingues ou sur
les alèzes après
quelques semaines
d'utilisation.
Extrêmement variables,
ils sont dus à
l'élasticité imparfaite
des textiles et même des
fils d'acier. Toutefois,
ils seront aisément
évalués sur les chaluts
en usage, d'après les
différences entre les
longueurs d'origine et
les longueurs après
utilisation.
Correction de
remplissage.
Elle concerne
essentiellement la poche
du chalut où l'on
observe un allongement
résiduel particulier du
filet. En effet, dans
les alèzes de la
rallonge et surtout du
cul de chalut, formées
par des petits maillages
de gros fil aux nœuds
souvent assez lâches, la
rétraction à l'eau du
textile est compensée au
bout d'un certain temps,
particulièrement après
des coups de chalut très
importants (plusieurs
palanquées au même
trait), par un
allongement relatif qui
semble provoqué en
grande partie par le
serrage à bloc des nœuds
du filet, conséquence du
remplissage excessif de
la poche. Il en résulte
que les ralingues de
cette portion du chalut
seront calculées, ainsi
que nous l'avons déjà
signalé, en supposant
les mailles plus fermées
qu’elles ne le
deviendront en réalité
(0 à 5 0/0). Ce
montage aura de plus
l'avantage de laisser du
mou dans les ralingues
du cul de chalut;
lorsque ce dernier sera
viré au treuil avec son
plein chargement de
poisson, on évitera de
cette façon une tension
excessive des ralingues
qui pourrait entraîner
une déchirure de l'alèze
le long des coutures.
(1)
Rappelons que ces
modifications
proviennent des types de
coupe différents des
bordures des ailes et du
grand dos: en 0> H le
long de la corde de dos,
0 < H à l'ailière et 0 =
H au bourrelet. Quand le
losange de la maille
s'ouvre, la valeur
métrique de la
diminution de largeur
augmente.et celle de la
hauteur diminue (fig. 19
et 20).
Source : Claude Nedelec
et Louis Libert
Archimer (Archives
Ifremer)